dark star (rilvaly)

Encore une journée dans le silence de son appartement. Une journée à se terrer chez elle, dans sa morosité et sa tristesse, à tourner les pages d’un livre sans grand intérêt ; à écouter des musiques dont les paroles n’atteignent pas son cœur ; à avoir l’esprit ailleurs. Deux jours qu’elle n’est pas sortie la jolie poupée russe, deux jours à prendre le soleil que par la grande fenêtre de son salon. Après être allée travailler, en rentrant elle avait cru apercevoir Peter au coin d’une rue, et ne sachant quoi faire d’autre elle est rentrée en courant chez elle. Pitoyable, voilà comment elle se sent depuis qu’il lui a avoué qu’il l’aimait et que surtout il ne désirait pas la voir avec un autre homme que lui. Désemparée et sans réponse, Dolly fuit, elle a toujours fuit, voir ignorer royalement ce genre de situation, mais là ça lui est insupportable de devoir rayer Peter de sa vie. Pourquoi ? Car il est cet ami à qui elle s’est attachée voilà ce qu’elle se répète sans gratter plus loin que la surface du problème. Elle a passé l’après-midi à cuisiner, bien sûr elle en a fait trop, beaucoup trop comme d’habitude. Entre pâtisserie russes et plat cubain, Dolly a de quoi manger pour les deux prochaines semaines. Elle en apporterait surement la moitié à sa mère demain, mais là elle se laisse tomber sur son canapé et allume la télé. Son portable vibre sur la table et l’angoisse que ça soit Peter qui tente encore de l’appeler lui saisit le ventre. Elle retourne le portable et fixe l’écran pour découvrir un message d’Alva. Elle l’ouvre et le lit : « Open the door or I'll call the fire department who'll stone it. Or I called Peter, it will surely be faster. » Dolly soupire et repousse son portable sur sa table basse. Elle pose son bras sur son visage et reste impassible au message, du moins jusqu’à ce qu’on frappe comme une forcenée à la porte. Elle se redresse, attache sa chevelure chocolat dans un élastique de manière très négligée et referme son gilet trois fois trop grand pour elle. Comme tenue de déprime elle est encore en pyjama, les yeux cernés de fatigue. Elle s’avance en trainant le pas vers la porte d’entrée qu’elle ne fait que déverrouiller avant d’aller reprendre sa lamentation sur son canapé. Silencieuse, et surtout résignée, Dolly semble faire face à sa vie prête à tout subir sans protestation, et surement le savon d’Alva.

When you try your best but you don't succeed
When you get what you want but not what you need
When you feel so tired but you can't sleep

Les journées s'assemblent, se ressemblent, désespèrent. Tout comme ce lamentable métro/boulot/dodo, Alva mène une vie qui n'a rien à envier aux maisons de retraite, ou autre personne dont le train-train quotidien n'apporte nulle jouissance. Elle fuyait comme la peste la maison familiale qui n'était que chaos et désir refoulé. Cet homme avait le don de la rendre folle, de lui faire frôler l'hystérie à chaque fois que ses iris se posaient sur lui. Et pourtant, elle ne parvenait pas à mettre de côté les battements frénétiques de son pauvre organe vital en sa présence. Son cerveau n'avait de cesse de lui ramener son visage en tête, la plongeant tantôt dans la mélancolie, tantôt dans l'amertume. Tantôt elle se montrait songeuse et rêveuse, tantôt elle claquait les portes au nez et marmonner dans sa barbe. Des attitudes que ses collègues ne manquaient pas de relever, faisant des paris sur une éventuelle grossesse, une peine de cœur, ou encore une folie précoce. A croire que beaucoup avaient misé sur la dernière option. Elle s'échappa de la salle de repos en vociférant des insultes à qui en voulait, sous les regards hilares de ses compagnons. Il n'y avait qu'une seule chose qui pourrait la calmer, là, tout de suite. Dolly et River. Ses deux poupées, les deux amours qu'elle avait en ce bas monde. Elle s'empressa d'envoyer un texto à la jolie blonde, prenant ses aises à lui donner rendez-vous chez la poupée russe. Comme une tornade elle repassa à la maison vide de tout colocataire, et attrapa au vol une bouteille de vodka qu'elle gardait pour les grandes occasions. Allez voir ses amies en était une, n'est-ce pas? En arrivant chez Dolly, elle se heurte à une porte désespérément close, d'où nul son ne provient. Alva se saisit de son portable, bien décidée à faire sortir son amie de son mutisme solitaire. « Open the door or I'll call the fire department who'll stone it. Or I called Peter, it will surely be faster. » Et elle l'entend, le petit bip qui annonce que son message a bien été transmis. Son pied tapote impatiemment sur le paillasson, avant qu'elle ne se décide à tambouriner contre la porte comme si l'enfer était à ses trousses. Des bruits de pas étouffés s'avancent, la porte se déverrouille dans un cliquetis discret, puis les pas s'éloignent. La blondie s'insurgerait presque devant cette totale indifférence si elle ne connaissait pas aussi bien la jolie brune. Elle fait irruption dans l'appartement à grande volée de porte, et laisse claquer ses talons sur le parquet. - Ah, I'm happy to see you, I could not stand my job, and all this assholes. - Elle se débarrasse de ses affaires, pose ses nombreux sacs sur le sol, et continue son monologue. - And Miles send me a text. Do you know what he wants? He -- Damned it, sweetie. - Et lorsqu'elle pose enfin son regard sur sa douce amie, elle en oublie ses soucis et accuse les cernes et les cheveux en bataille. Ses sourcils fraîchement épilés se froncent en un regard désapprobateur. Nul besoin de demander qui pouvait bien être la cause de tant de négligence, c'était d'une telle évidence. Mais bien loin de se laisser démonter, la blonde se saisit de deux de ses sacs, et la rejoint sur le canapé. - Honey, I know what you need. Vodka, dishes of caterer, and another blond. - Elle plante ses lèvres sur sa joue, essuyant rapidement la trace de rouge à lèvres qu'elle y a laissé lorsque la sonnerie retentit. - Come on, it's open Riv! -

De nouveau, River avait passé la journée avec son appareil photo. Mais pour le boulot cette fois-ci, bien que son boulot était pour elle une passion. Le sujet avait été un couple de mariés, lui faisant appel pour leurs photos de couple après mariage. Ils étaient magnifiques. River s'était ainsi imaginé à cette place, se demandant si ce moment arriverait. Beaucoup pouvaient croire qu'elle n'y pensait pas, qu'elle n'était pas romantique, mais pourtant, elle l'était bien. Mais ce n'était pas en ce moment qu'elle se disait que cela arriverait. Un homme était bien trop présent dans ses pensées et elle ne pouvait rien s'imaginer avec lui malheureusement. Il était définitivement à sa sœur. Alors, elle se décidait simplement à être heureuse du bonheur des autres et non pas du sien, bien qu'elle n'était largement pas malheureusement. Elle se disait toujours avoir de la chance pour ce qu'il lui était entrepris, ce qu'elle avait souhaité étant arrivé. Partir aux quatre coins du monde en prenant le temps avait été extraordinaire et elle n'exagérait certainement pas. Ça lui avait été nécessaire, vital. Désormais revenue au bercail, elle désirait se poser pour quelques temps. Mais elle se demandait toujours si dans un an par exemple, elle repartirait, car elle savait très bien qu'elle ne resterait pas ici jusqu'à sa mort. Elle devait bouger, elle en avait le besoin. Alors qu'elle avait terminé sa longue séance de photos, River reçut un texto de la blondinette de son trio d'amies, lui demandant de la rejoindre elle et Dolly chez cette dernière. La jeune femme se hâta alors à rapidement rejoindre le lieu convenu pour finalement sonner, postée devant la porte de chez Dolly. Vint enfin le signal pour entrer. - Come on, it's open Riv! - River ne se laissa pas attendre et vit ses deux amis postées sur le canapé. - Hi, girls ! Elle laissa tomber son sac à main au sol, s'avançant vers les deux, pour finalement s'adresser à la seule brune. Aren't you happy to see me, Dolly ? Yet, you should be from the time I was not there. Elle s'asseyait sur le fauteuil en face des deux jeunes femmes de son même âge. - Can someone tell me what exactly is going on with this Peter ? River ne savait quasiment rien de toute cette cause de chagrin, il fallait bien qu'elle sache à quoi elle avait à faire.